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Yolistan - un voyage sur les routes de la Soie.

Voyage de Cindy et Thomas à travers l'Asie, d'Istanbul à Saint Pétersbourg en passant par Beijing!

Esfahan de rêve

Utiliser un titre d´article aussi fort, ce n´est pas une exagération de notre part, mais bien la traduction en mot de ce que nous avons ressenti, pendant notre séjour dans cette ville merveilleuse, qu´on surnommait la moitié du monde. On pourrait encore croire ce dicton, rien qu´à la vue de ses kilomètres de bazar couverts, qui regorgent de produits, et offrent une promenade protégée.

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Esfahan qui fut la capitale sans doute la plus illustre de l´Empire perse sous les Safavides (XV-XVIII eme siècles), impressionne par la richesse actuelle de ses mosquées et par l´élégance architecturale de ses édifices. Pour une fois on va essayer de ne pas multiplier les commentaires historiques, pour vous laisser plus simplement profiter des photos, des rencontres qu´on a pu faire et ainsi pouvoir mieux sentir l´ambiance d´une capitale régionale de l´Iran des Mollahs. Esfahan est la troisième ville du pays (1,6 million d´habitants) et sa mosquée Lotfollah, mosquée privée prévue pour le seul usage des épouses et des femmes de la cour est une perle.

On y accède par un couloir entièrement décoré,

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Pour rejoindre ensuite la salle principale, un carré gracieusement surmonté d´une coupole qui fait la taille de la salle.

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Les ouvertures permettent en cette heure matinale au soleil de venir contribuer à la magie du lieu par ses rayons,

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qui font briller les carreaux des murs

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et combinent aux arabesques de la calligraphie, la rondeur lumineuse des ouvertures des fenêtres.

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Ici aussi toutes les parois sont décorées, pas un centimètre carré n´est laissé à l´abandon.

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Et on ressort un peu étourdis par la sensation d´avoir été emprisonnés dans une bulle marine et spirituelle. Un peu de retour à la réalité avec un bon petit remontant.

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Un faloudeh (sorte de pâtes craquantes) enrobée de sirop à la rose avec sa boule de glace au safran.

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On est sur la place centrale  de la ville, la place Nagsh-e-Jahan, aussi appelée place de l´Imam, enceinte close de 500 mètres sur 160, qui est une des plus grandes place du monde. Sur les côtés, se trouve le palais d´Ali Qapu et ses colonnades en bois,

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et en face la façade de la mosquée Lotfollah, dont le dome brille lui aussi par sa décoration et l´harmonie architecturale qui s´en dégage.

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Nous sortons tout juste d´une courte nuit de train, on s´offre donc une petite sieste avant de ressortir, à la nuit tombée pour aller profiter de l´autre merveille d´Ispahan, ses ponts.

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Le plus célèbre est le Si o se Pol, le pont aux 33 arches, qui se trouve au centre de la ville. C´est là que nous avons rendez-vous avec Amid-Reza, un couchsurfer local, qui avait envie de nous rencontrer. Il est dans l´import-export, voyage souvent en Afghanistan, Irak ou dans le golfe, on passera donc un moment intéressant avec ce musulman très pratiquant (il ne sert pas la main de Cindy et ne lui adressera quasiment jamais la parole). Voici encore une fois une chance du couchsurfing, rencontrer aussi des gens qui n´ont pas forcément les mêmes idées que nous.

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Les berges du Zayandeh Rud ont été aménagées en promenade et si la soirée est un peu fraîche, c´est un vrai plaisir d´admirer les ponts illuminés. Après le black out quotidien des soirées centrasiatiques, on se sent encore une fois sur une autre planète. Ici le Si-o-se Pol brille de toutes ses arches.

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  Le pont Chubi plus sobre est quasiment désert

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Ce qui n´est pas le cas du pont Khaju, rendez-vous des amoureux,

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mais aussi lieu de concert improvisé, car on assiste à deux chansons intensèments chantées par un jeune, sous les arches qui résonnent, les gens s´attroupent, pour profiter de l´instant de poèsie... et se dispersent aussi vite, lorsqu´une patrouille de surveillance des moeurs se rapprochent. On ne l´avait pas vu, mais un ami du soliste faisait le guêt, et donne le signal du départ.

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Et la patrouille passera interroger tous ces couples, vérifier les foulards et montrer sa présence, là où il y a quelques années encore, d´innombrables cafés à qalian fleurissaient.

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On traverse sur l´autre rive, et on marche en sens inverse, en écoutant Amid Reza nous compter l´amour des Iraniens pour leur religion chiite, et en particulier les pélerinages en Irak, à Najaf et Kerbala, villes où sont enterrés Ali, neveu et héritier légitime (selon les Chiites) du prophète Mohammed, et Hussein.

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On retraverse ensuite le pont Allaverdi Khan (nom original du pont Si-o-se, du nom du vizir géorgien qui l´a fait construire), qui est très fréquenté en soirée. Là aussi on peut observer le manège des groupes de jeunes, qui marchent filles et garçons côte à côte, et prennent de la distance lorsqu´approche un surveillant. Le contrôle est partout en Iran, mais une vie intense aussi.

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Lendemain matin, changement d´atmosphère, on vient de traverser la bazar dans toute sa longueur, pour atteindre la mosquée du vendredi, cuma masjid, qui a la particularité à Esfahan d´être un concentré d´histoire de l´architecture islamique, puisque de nombreux conquérants et dynasties, sont venues mettre leur touche personnelle, du Xe au XVIIIe siècle. depuis les ruelles du bazar, on remarque à peine l´entrée.

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Mais dès qu´on accède à la cour, on est impressionné par les iwans, ces pavillons élégants.

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Nous qui commençons à avoir vu quelques mosquées depuis le début du voyage, restons scotchés par les dimensions de l´ensemble et par la richesse et la variété des décorations.

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L´imam Khomeyni est toujours bien présent

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et c´est dans les parties couvertes que les plus intéressantes caractéristiques se trouvent, comme ici avec cette salle immense, où chaque colonne en brique a été décorée d´une manière différente.

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Cette mosquée transformée en musée, possède encore quelques zones de prière, comme on peut le voir ici.

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Sortis de la mosquée on découvre une petite cour où se tient le marché à la volaille. On n´a pas trop du entendre parler de la grippe aviaire dans le coin.

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Et les affaires vont bon train.

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Mais le quartier est en reconstruction, une partie du toit du bazar est en réfection et on a rasé d´autres parties, laissant une seule boutique de ferblantier, encore là par piston? un recours judiciaire? le magasin est en tout cas bien étonnant.

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Et de l´autre côté du chemin, c´est une future station de métro qu´on construit. L´Iran est en train d´équiper plusieurs de ses grandes villes de réseau de métro. On a pu profiter des modernes métro de Meshed et Téhéran. Souhaitons aux habitants d´Esfahan qu´ils n´aient pas à attendre aussi longtemps que les Algérois (premier projet en 1928, construction débutée en 1970, ouverture en octobre 2011) que nous avions rencontrés en juillet 2010.

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On regagne paisiblement la place de l´Imam, en se perdant avec délectation dans les ruelles.

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Et on croise quelques boutiques débordantes de produits, qui nous retiennent un moment,

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mais l´attraction du grand soleil qui règne sur la place de l´Imam est la plus forte. Vue de l´entrée du bazar, on voit la mosquée de l´Imam au fond, et le palais d´Ali Qapu sur la droite.

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Mais on bifurque sur la droite, pour rejoindre l´autre célèbre palais de Chehel Sotun (40 colonnes), car les 20 colonnes existantes, se reflètent dans l´eau du bassin qui s´allonge dans le jardin.

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Aux colonnes en bois, s´ajoutent les pieds en pierre en forme de lions.

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Mais ce palais doit sa renommée à la qualité de ses fresques intérieures, qui représentaient le comble du luxe à l´époque, au XVIIeme, puisqu´on l´utilisait pour les cérémonies de couronnement et pour la réception des ambassadeurs étrangers par les souverains Safavides.

On boit beaucoup sur ces fresques, on pique nique dans la nature, on écoute de la musique, rien que des plaisirs très terrestres.

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Mais on fait aussi la guerre, ou on accueille des souverains étrangers en exil, en leur offrant tous les fastes de la cour.

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dans un pavillon adjacent, un salon de thé est installé, et le décor de cette salle, ainsi que ce sucre si spécial qu´on utilise en le coinçant entre ses dents avant de faire couler le thé dans sa bouche, vous transportent à une autre époque.

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Cindy s´y voit déjà et savoure l´instant, avec une datte fondante.

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de retour sur la place, on s´attaque cette fois-ci à la mosquée de l´Imam, dont la façade est en restauration.

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La cour intérieure est ici plus étriquée, mais les murs sont eux totalement décorés, comme dans la mosquée Lotfollah,

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Et le bleu qui domine enchante Thomas

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L´intérieur des coupoles est toujours aussi merveilleux.

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Et les arches sont gigantesques.

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Le minbar (escalier où monte le prêcheur le vendredi) en pierre unie semble presque déplacé dans cette profusion de décoration.

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Et on finit par s´aborder mutuellement avec Saina et son amie Azada, qui nous souriaient depuis un moment. Elles sont étudiantes en architecture, venues prendre quelques photos pour un exposé. Les cheveux dépassent un peu...

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On engage la conversation et on décide de poursuivre la visite en nous dirigeant vers le palais Ali Qapu, que l´on vous remontre avec une iranienne pressée.

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Nous avons plus de temps, on discute beaucoup et un peu de tout, avec la magnifique perspective de cette place en toile de fond. On voit l´entrée du bazar.

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Thomas prend plaisir à poser devant la mosquée des femmes du sultan, en compagnie de deux charmantes iraniennes.

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Et on se délecte de la vue depuis la terrasse du palais, d´où l´on voit si bien le désaxage de la mosquée de l´Imam par rapport à la place, pour respecter la direction de la Mecque.

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Puis Lotfollah, encore une fois, toute petite et si bien proportionnée, avec les arcades adjacentes qui donnent une impression d´infini.

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Un panoramique de la place

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Mais l´intérieur du palais vaut aussi le détour. Ces décorations dans la salle de musique sont remarquables. On avait vu de lontaines cousines en Turquie, ou en Ouzbékistan, mais ici la technique est à son apogée.

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Les filles continuent à papoter et comme Saina a encore du temps, on décide de continuer ensemble.

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Et on rejoint la bazar, car Thomas veut retrouver le passage secret pour rejoindre les toits. Saina un peu dubitative au début, questionne les vendeurs, et on déniche une piste. Arrivés sur les toits, on trouve une échelle pour rejoindre le sommet du bazar.

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On découvre la rue princiaple, avec les deux zozos habituels.

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Et de l´autre côté, la vue domine l´ensemble de la place, en cette fin d´après-midi iranienne délicieusement poètique.

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Saina toujours libre, on se réfugie dans une chaikhana hyper décorée, pour déguster un bon thé, et continuer à l´écouter nous parler de sa vie, de ses envies, de ses passions artistiques et de sa famille. On avait prévu de se faire un bon restau, mais Saina est si intéressante et persuasive, qu´on accepte son invitation à l´accompagner chez elle, pour rencontrer ses parents.

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Ses parents, militants d´extrême gauche dans les années 70, ont tous les deux connus la prison (8 ans pour son père). Ils vivent maintenant tranquillement dans une ville à 20 kms d´Esfahan, sa mère est artiste peintre. Son père n´a pu trouver un travail que dans une usine de peinture, qui lui mange la santé. La petite soeur, encore au lycée, joue de la musique, et elles donnent toutes les deux des cours de danse à domicile.

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On a donc eu droit à un vrai récital, après un délicieux repas mitonné par sa mère. Un vrai moment magique et intense. d´autant plus que lorsqu´on leur a un peu expliqué nos origines, ils connaissaient très bien le Chili de Pinochet, et sa mère nous a même chanté la version iranienne de la célèbre chanson chantée par Quilapayun et Victor Jara, El Pueblo Unido Jamas Sera Vencido, qui est devenue ici Barpakhiz.

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La soirée terminera bien tard et on rentre à notre hôtel la tête remplie d´images, de mots et d´émotions... Après une belle nuit, on se réveille pour notre dernière journée à Esfahan, et on part à la découverte du quartier arménien de Jolfa. Il nous faut d´abord franchir le pont Si o se Pol.

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Qui dans les rayons matinaux comprend son lot de familles et d´amoureux.

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Arrivés près du quartier, les voiles noirs sont toujours là, mais les coupoles prennent des formes un peu différentes.

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C´est Shah Abbas Ier, qui au début du XVII eme siècle, à la suite d´une campagne en Azerbaijan contre l´Empire Ottoman, déporte une grande communauté d´Arméniens (originaire de la ville de Jolfa actuelle, à la frontière entre l´Arménie et l´Iran, mais côté iranien) pour faire travailler les artisants. Ils vivent encore de nos jours dans le même quartier, entourés de 13 églises en activité. On commence par l´église de Bethléem, où se mélangent symboles chrétiens et motifs architecturaux islamiques.

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Puis c´est la cathédrale de Vank, cathédrale Saint Sauveur, qui s´est parée de sapins de noël, malgré l´orthodoxie suivie par les Arméniens.

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Les Arméniens étaient célèbres pour la qualité de leurs artistants. On peut voir qu´à temps perdu ils ont su prendre soin de leur propre sanctuaire.

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Cette présentation de l´archange Saint Michel est somptueuse et rappel le meilleur d´un Bosch, qui est légèrement antérieur.

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Sur le chemin du retour, on emprunte un autre pont, pour admirer le Si o se Pol d´un autre point de vue.

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On terminera notre séjour à Esfahan en passant nos deux dernières heures au restau. On a choisi un joli petit coin, surplombant la place de l´Imam.

 

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L´intérieur est richement décoré et on mange sur des kravats, comme en Asie centrale.

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on pioche avec les mains les mets délicats

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Et on se régale d´un biryani esfahani (viande en boulette), d´aubergines en crème, de riz et de pain.

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A la sorite du restaurant, une reproduction d´une fresque ancienne, montre qu´en Iran moderne, l´art de vivre du passé n´a pas été complètement étouffé par les appels à la prière des Mollahs.

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