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Yolistan - un voyage sur les routes de la Soie.

Voyage de Cindy et Thomas à travers l'Asie, d'Istanbul à Saint Pétersbourg en passant par Beijing!

Teheran: rencontre avec une capitale

Cindy découvre les trains iraniens, cabine pour 4, moins amusantes que les platzkarts ouverts d´Asie centrale et en une nuit de trajet, nous voici à Teheran, capitale iranienne surpeuplée (une quinzaine de millions pour l´agglomération).

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On continue en tout cas avec l´accueil à l´iranienne. Lors de son premier voyage en Iran, Thomas avait eu la bonne surprise en arrivant à Téhéran, au sortir de la station de bus, que pour rejoindre le centre ville, il suffisait de demander au premier chauffeur de bus local venu, il s´empressait de vous faire monter dans son bus, pour vous transmettre à un collègue, qui vous confie à un troisième, qui vous dépose enfin, place de l´Imam Khomeyni, gratuitement et avec le "bienvenu" en Iran de rigueur. Et bien cette fois-ci, arrivés en train, ça a été assez similaire. Au petit matin, on avait tchatché avec un jeune homme qui partageait notre compartiment. Et bien à peine arrivés, Hamsi, nous a accompagné à la sortie du train, on pensait pour nous indiquer où prendre le bus, mais non, il est monté avec nous dans le bus. Nos échanges dans un anglais hésitant ne permettant pas de clarifier la situation, on pensait qu´il allait dans la même direction, mais non, arrivés près de station de métro, il descend avec nous, et y pénètre en notre compagnie. Il s´approche du guichet, prend un ticket, on s´apprête à faire de même, mais il nous en empêche, nous tend deux tickets qu´il vient de nous acheter, nous indique sur le plan à quelle station nous devons descendre, puis regarde sa montre. Il sourit encore, nous dit qu´il doit partir, il travaille comme responsable mécanique des locomotives, et doit commencer son travail, à la gare (où nous étions arrivés) dans 10 minutes! On a juste le temps de le remercier, de prendre une photo avant de le voir filer en courant. On est étonné de tant d´attention pour deux parfaits inconnus et on se promet de rendre la pareil un jour prochain.

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Voici notre première vision de Téhéran, à la sortie du métro Haft-e-Tir, dans le centre nord de la ville, là où on quitte le centre populaire et le bazar, pour des quartiers plus résidentiels. On voit les foulards, noirs, la circulation, les montagnes enneigées qui dominent le nord de la ville, et sur un édifice, sur fond bleu, Khamenei et Khomeini, les deux figures tutélaires de la révolution islamique. On va faire du couchsurfing sur Téhéran , chez Razieh et Sasan, un couple francophone qui nous a été conseillé par Rachel, une française vivant à Bakou ( Baku - suite ), que nous avions rencontrée lors de notre séjour dans cette ville, et qui les y avait logés. C´est ça aussi le couchsurfing, un réseau mondial de plus de 3 millions de personnes, qui permet de créer des liens.

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Les sacs posés, un petit déjeuner (délicieux, car Sasan nous sert du fromage de Tabriz (la ville proche de la frontière turque, d´où est originaire sa famille), des olives et un bon chai, on se croirait de retour en turquie avec un khavalti!) dans le ventre, on repart pour le centre ville pour notre première visite, le palais du Golestan.

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On est en plein coeur administratif de la ville, car plusieurs ministères entourent le palais, le bazar est juste au sud et la place de l´imam khomeyni est toute proche aussi. Ce palais qajar, la  dynastie régnant en Iran de 1786 à 1925, devient le centre politique de l´Iran au XIX eme siècle et il est lieu des réceptions officielles sous les Pahlavis (1925-1979), dernière dynastie en Iran.

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On est par certain côtés, dans le prolongement de l´histoire de la région, car les techniques employées, carreaux,  pierres taillées et marbre nous sont habituelles.

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Mais les intérieurs sont clairement plus récents, et le choix du mobilier et des bibelots forment un lien entre passé et époque récente que nous avions guère expérimenté jusque là, car en Ouzbékistan par exemple, les derniers émirats prirent fin avec les soviétiques.

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Et de plus, comme nous le verrons dans tout le pays, si le pouvoir officiel conserve les lieux historiques, l´agenda islamique chiite s´impose à tous en tous lieux. on voit ici une banderole de la fête de l´Achoura, commémorant le martyre de Hussein, qui reste encore en place une fois la fête passée.

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Autre trait particulier des Iraniens, cette utilisation du verre, matériau de peu de valeur, mais qui enchassé artistiquement, peut donner un effet de brillant prisé dans les mausolées et les salles d´apparat.

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A son époque,un souverain qajar avait fait édifié ce batiment à deux tours pour pouvoir observer sa ville. Avec le Téhéran moderne, il ne peut plus voir désormais qu´à un ou deux pâtés de maison.

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de retour chez Sasan, Razieh a déjà tout préparé pour la soirée de Yaldaa que nous allons partager avec leur famille. Le plus important est peut-être le riz, présenté à l´iranienne, puisqu´une fois le riz cuit, on le met dans une poêle pour le faire légérement accrocher, avant de le retourner dans un plat, avec une couche de riz croustillant (qu´on enlèverait en France).

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Yaldaa, c´est la nuit la plus longue de l´année, on la passe en famille, à discuter, manger et boire du thé. Vivre des moments là nous permet d´observer de l´intérieur les pratiques sociales. dès votre arrivée, on vous fait asseoir dans le salon, on vous sert un premier thé, puis on vous propose noix, cacahouètes et une assiette avec pomme, orange et kiwi. des sucreries sont aussi disposées sur la table.On vous reproposera périodiquement  Comme on attend souvent quelqu´un, du thé. Vous pouvez passer 2 heures ainsi à grignoter, et quand vous êtes bien calé, on vous propose alors de passer à table.

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La fin de la soirée se passe par une petite lecture prophétique. Il est en effet de coutume de prédire l´avenir, en utilisant un livre de Hafez, autre grand poète persan, que nous recroiserons à Shiraz. On ouvre au hasard une page de son divan, et on lit à l´attention d´une personne en particulier le poème. Il faut ensuite essayer d´en dégager quelques indications sur le futur de la personne pour l´année qui vient. Et on ponctue les vers, en disant collectivement "barbar, barbar!", qu´on aurait bien du mal à traduire, mais qui doit être quelque chose comme "bravo!bravo".

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Sarah, la soeur de Sasan, s´en charge ce soir là, et une vraie magie se dégage de cet instant où tout le monde est attentif (en général, les Iraniens sont plutôt bruyants et ça parle dans tous les sens) et inspiré.

j 1 (58)Le lendemain matin, on part prendre l´air dans le nord de la ville, du côté des montagnes. Téhéran possède en effet des pistes de ski à 30 minutes du centre ville, et si l´hiver clément ne permet pas d´avoir beaucoup de neige à basse altitude, les gens en profitent pour faire de la randonnée, ce qui semble être un sport national en Iran. On prend le bus, puis un mini bus, puis un taxi partagé, on marche un peu et enfin le téléphérique pour arriver à Torchal, quelques centaines de mètres au-dessus de la ville.

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La plupart des gens, venus pour une petite marche, sont équipés pour aller grimper dans l´Himalaya, on les croirait sortis d´un magasin decathlon, tant les couleurs flashies, les gros anoraks, les piolets et les chaussures de marche semblent inutiles en ce lieu qu´on rejoint sans efforts. Mais comme on vous le disez, la montagne est un lieu où le contrôle est moindre, la police des moeurs quasi absente. On vient donc aussi ici pour flirter et respirer un peu, repousser le plus possible son foulard, comme ces deux teheranis nous le montre.

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La population de l´Iran est majoritairement jeune, on passe donc notre temps à être abordés par des personnes parlant plutôt bien en anglais, soucieuses de savoir qui on est, d´où on vient et ce qu´on pense de leur pays, sans oublier de nous souhaiter la bienvenue.

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On marche une petite heure de plus vers le prochain arrêt de téléphérique, histoire de rappeler à nos corps les sensations du kirgizstan et du Pamir.

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Et la vue sur la ville, sa pollution et ses quartiers huppés du nord est belle malgré la grisaille.

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En redescendant, on saisit cette image, de la jeunesse iranienne ressemblant à celle de tous les pays... quand elle trouve quelques coins de liberté.

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On retourne chez nos amis, pour une courte pause, avant de passer une soirée à l iranienne typique pour les jeunes. Beaucoup de voitures sur les nombreuses autoroutes de la ville (pour aller chercher leur amie Nasim, architecte désireuse de Québec),  

j 2 (36)on passe un moment à se promener dans le parc darband, 

j 2 (38) Sasan et Razieh, nos hôtes, un super couple, joyeux et généreux, qui nous ont complètement conquis.

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On mange des graines de tournesol en devisant, les parcs sont surveillés mais pas trop. Même si un ou deux types se baladant seuls, semblent bien faire attention à ce qui se passe autour.

j 2 (45)On refait de la route et des bouchons, en écoutant de la musique, et on finit la soirée autour d´une spécialité locale, le faouldeh avec sa crème glacée safranée. un vrai délice.

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Le lendemain, petit tour géopolitique, puisqu´on se rend dans le sud de la ville, à une dizaine de stations de métro, pour voir le mausolée de l´imam Khomeyni.

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Là aussi la structure est un grand projet d´extension, pour créer un complexe où les gens viendraient s´amuser (magasins de jouet pour les enfants, nombreux fastfoods où boire son coca cola à deux pas du tombeau de cet ennemi convaincu du Grand Satan), pique niquer, avant de se recueillir et de verser une petite larme sur la tombe de ce "saint" moderne.

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A deux pas de là, se trouve le grand cimetière de Téhéran, classique dans son organisation, avec des allées arborées, immenses et propres. On peut venir causer avec un défunt.

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de nombreuses tombes sont très patriotiques, dans la partie générale du cimetière.

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Mais la vraie raison de notre passage, est de voir la partie où sont enterrés les martyres morts pendant la Guerre contre l´Irak, appelée "Guerre Imposée" en Iran, longue et pénible guerre qui dura 8 ans et fit près de 1 million de morts. Cette partie du cimetière est prenante, car on voit les portraits des disparus, souvent quelques objets personnels, mais surtout, on est frappé par l´âge des personnes. Il n´est pas rare de voir des enfants de 12 ou 13 ans, qui participèrent à l´effort de guerre, en allant par exemple se faire exploser dans les champs de mine, pour permettre aux troupes de passer en sécurité. On ne peut pas imaginer le degré d´endoctrinement et de fanatisme qui fut atteint, mais on le ressent à chaque fois que cet évènement est évoqué dans nos rencontres. Guerre terminée en 1988 mais qui est encore présente dans tous les esprits.

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L´après-midi, on est le 24 décembre, dans un registre plus léger, on accompagne Sasan à son cours de français, puisqu´il est lui aussi dans le processus de migration vers le Canada. Volubile et baratineur, il improvise une petite présentation avec schéma à l´appui sur l´effet de serre (qu´il n´a pas préparé puisqu´il s´occupe de nous depuis 2 jours!).

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Mais c´est plutôt juste et réussit.

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La classe se termine sur une photo de groupe. Qui est amusante, car on reverra certains des camarades et la professeur, quelques heures plus tard, dans une toute autre ambiance.

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Comme Sasan et Razieh nous dorlote depuis deux jours, 24 décembre oblige, nous avions proposé de faire le repas (pêches au thon, pastel de choclo et salade de fruits en dessert) pour les remercier. Comme la gâteau de maïs est un plat qui se fait toujours pour au moins 7 ou 8 personnes, nous avions proposé à Sasan d´inviter quelques amis pour nous accompagner. Il n´avait pas eu l´air emballé, et avait dit on verra. Mais rentré chez lui, on découvre cette affiche incongrue, qu´il nous avouera avoir fait lui même (il est infographiste).

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Les camarades arrivent vers 20 heures, et le futur grand réalisateur iranien, qui souhaite poursuivre ses études de cinéma à Paris, nous éblouit par son style.

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On prépare quelques raffraichissements pour trinquer,

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et on reçoit comme cadeau de noël, une belle fête entre amis. Joyeux Noël!

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La musique prendra une bonne place dans cette soirée, où comme il est normal pour les Iraniens, on passe des heures et des heures à discuter, grignoter, danser.

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Photo de groupe, en compagnie de Nasim, Maryam, leur professeur de français et danush.

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Razieh nous jouera quelques morceaux de Tar et on prend cette dernière photo de groupe pour clore la soirée.

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Au petit matin, on découvre dans le salon, sous l´arbre de noël, que le père noël est passé. de petits souvenirs de nos charmants amis.

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Et on part faire notre dernière journée de promenade, direction le palais Nyavaran, résidence de la famille Pahlavi, et notamment du célèbre Shah, Mohamad Reza Pahlavi, qui fut renversé en 1979 par la Révolution iranienne, qui à l´époque avait été menée par des groupes d´extrême gauche (ils furent rapidement balayés par la suite) et par les mollahs. Khomeyni ne joua qu´un rôle lointain, mais il sut être médiatique, et prit les rênes du pouvoir à son retour d´exil européen.

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La résidence principale est étonnante, appelée maison blanche, cet immense batiment ne comprend que 3 chambres, pour le couple et ses deux enfants, mais des salons, des bureaux et des salles à manger à n´en plus finir.

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Un tapis est notamment renversant, car il reprend l´ensemble des souverains ayant régné en Iran. Le père du Shah n´était qu´un militaire, qui sut tirer à profit la faiblesse du fin de règne de la dynastie Qajar pour prendre sa place au début du XX eme.

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Une pause de midi nous pemet de goûter à nouveau aux célèbres et délicieux kebabs iraniens, ainsi qu´à ce poulet au raisins et grenades, tout simplement fabuleux.

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L´après-midi, nous avons visité le complexe Saabad, autre grand parc aux pieds des montagnes du nord de la ville, qui servait de résidence d´été aux familles régantes. Il renferme aujourd´hui plusieurs musées, dont celui des frères Omidvar, qui furent les premiers Iraniens à voyager dans de longs périples à l´étranger, à partir des années 50.

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La fin d´après-midi, place Azadi, le monument central pour le pouvoir en place, lieu de rassemblement de ses manifestations, respire presque le calme, dans le tumulte des voitures.

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Et les bus de la station ouest, attendent sagement leurs passagers, avec en fond les montagnes enneigées. A cet instant, même Téhéran sait être charmeuse.

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