Voyage de Cindy et Thomas à travers l'Asie, d'Istanbul à Saint Pétersbourg en passant par Beijing!
24 Juin 2012
Arrivée épique à Moscou, on sort de 2 jours complets de train, en platzkart comme à notre habitude, et on est tout excités par ce nouveau lieu que nous allons découvrir, enfin!
Il est très tôt, tout juste 5h et on patiente un peu dans le métro avant de rejoindre l'appart de notre future host CS, Katia. Bien heureusement pour nous, certaines stations sont superbes.
Un petit café, une bonne douche, et on part d'un pas décidé pour commencer notre découverte des musées de la ville, avec le célèbre musée Pushkin, temple local de la peinture. On sera enchantés par la qualité des galeries de peinture françaises modernes, avec un nombre impressionnant de Gauguin, Monet et même des Picasso.
Face au musée, on trouve la flamboyante et massive cathédrale Christ-Sauveur, détruite par Staline en 1931, qui comptait faire sur le site une tour immense à la gloire de Lénine et du soviétisme triomphant. On n'y construira qu'une grande piscine. Et dès 1995, l'église orthodoxe s'empressera de reconstruire in situ l'édifice.
On se rafraîchit avec notre habituel kvas. Vous pouvez juger par la taille de nos verres de qui en est le plus grand amateur... L' intérieur est surchargé.
Et depuis le pont tout proche, on a notre première vue du Kremlin, ses tours rouges et son palais blanc.
Et plus on se rapproche, plus on croit être dans un documentaire sur l'ex URSS.
L'alternance de couleur est intéressante et on est un peu étonnés de se trouver si rapidement aux portes de ce lieu surchargé d'histoire.
Pour commencer notre tour sur la place Rouge, on visite d'abord le musée national.
On est surtout impressionnés par la variété des intérieurs, décorés en fonction de la nature des collections.
Palais imaginés par les Tsars, on en retrouve toute la généalogie sur le plafond de la grande pièce d'entrée.
Mais voici le regard le plus connu de la ville, le côté du Kremlin et l'église Saint Basile.
On a beau avoir souvent vu l'image, on se prend une petite claque qui nous redonne le sourire avec ses domes de crème en hérissons!
L'église dédiée à Basile-le-bienheureux, un Fol-en-Dieu qui vécut à la fin du XVème. C'est une pichenette assez comique de l'histoire de devoir à un fada qui se promenait nu un si beau monument.
Les sept chapelles sont des hommages aux saints fêtés les jours importants d'une grande bataille et de la prise de Kazan au XVème.
Si tout n'est pas doré, les murs moins fastueux sont pourtant tout aussi enchanteurs.
Et le coeur de l'église nous offre un Christ totalement byzantin.
Malgré le temps un peu gris, on a le sourire jusqu'aux oreilles, car après la place Tiannamen, on foule un nouveau lieu profondément chargé en histoire.
A deux pas de là, on découvre le Bolshoï, que Cindy aurait bien visité, mais les billets sont hors de prix en dernière minute. On se contentera de voir l'ampleur depuis la belle place et sa fontaine rafraichissante.
La bibliothèque Lénine est un peu austère, mais célèbre la littérature au coeur de la ville.
Et après un bon livre, pourquoi pas une pause dans le jardin bordant le Kremlin, parc actuellement facilement accessible, et envahi par les gens...
Mais en temps de célébration militaire, l'entrée en guerre de l'URSS dans la seconde Guerre Mondiale, de nombreux défilés millitaires perturbent les visites; et le mausolée de Lénine est fermé au grand désespoir de Thomas.
On se rabat sur l'intérieur du Kremlin, où tout n'est pas non plus accessible. Mais les églises sont elles ouvertes.
Et les murs intérieurs sont un savant entrelacement d'icones raffinées.
Pas très loin de là, on tombe aussi sur une synagogue, coeur de la petite communauté juive actuelle.
On y croise un mendiant très couleur local.
Et l'intérieur est sobre et étincelant à la fois.
Et la solennité profonde nous calme un peu de la furie extérieure.
Car l'histoire est toujours proche... à deux pas de notre synagogue, on peut voir le batiment de l'ex KGB.
Et le hasard fait bien les choses, car on est justement le samedi 23 juin, c'est la fête de la musique locale, organisée par l'institut français de Moscou. On profite dans le parc Gorki d'un beau moment.
Et la guest star du jour, oui Manuela, tu ne rêves pas, c'est un concert juste pour nous de Thomas Fersen et son yukulele!
Sa renommée n'est sans doute pas encore arrivée ici; il y a donc peu de gens, mais l'artiste sort ses chansons les plus dansantes pour mettre un peu le feu.
Et Katia, notre logeuse CS nous a rejoint pour profiter du concert.
La musique terminée, on se lance dans le métro, pour aller voir une zone plus à l'ouest de la ville, et on passe par des stations très décorées, et on retombe bien entendu sur Lénine.
Ou à la station de train Kiev, un décor complétement Ukrainien inspire les filles.
De retour dans la rue, le métro nous dépose devant le ministère des affaires étrangères, avec son allure totalement soviétique.
A la maison, on déguste soupe au poulet velouté de champignon signé de Kate; puis riz au poulet à la crème et ses champignons par nous. Redondant mais délicieux. Et on poursuit tard une soirée de discussion ardue par nos divergences de points de vue, mais profondément intéressante car Katia est une mordue de Népal et d'Inde.
La découverte de la ville se poursuit sur les bords de la Moskowa, où un étonnant navigateur, Pierre le Grand, détesté des Moscovites car profondément représentatif de Saint Pétersbourg, est placé là car l'ancien maire était un grand ami du sculpteur géorgien qui créa l'oeuvre...
Par contre, un petit peu plus loin, la nouvelle branche du musée Tetriakov nous réserve une belle visite.
`On traverse la succession de vagues des mouvements qui ont été créés en Russie depuis le tout début du XXème siècle. Et si l'on retrouve souvent les évolutions françaises reproduites, on a quand même aussi des tonalités nationales très fortes.
Cette oeuvre azérie nous touche particulièrement, car on y sent les échos du Caucase ou de l'Asie centrale.
Sortis du musée, on se promène près des rives du fleuve et Moscou a pris des airs de Paris plage.
Mais on replonge plutôt dans la culture, en allant voir le pied-à-terre de la famille Tolstoï.
Voici son bureau de travail, au plafond si bas qu'on a du mal à comprendre comment la création a pu fleurir en un lieu un peu suffocant!
Intéressés par la version nouvelle, on s'attaque à la version originelle du Tetriakov, et on va avoir droit à un feu d'artifice.
On admire une version un peu reconstruite de notre aimée tour de Léandre d'Istanbul.
Et un vrai artiste qui exprime une touche très personnelle, c'est Vrubel.
On va aussi chercher un peu de traces politiques et littéraires, en faisant un tour du côté du monastère Novodievitch.
Car passée la grande église aux cinq domes dorés réglementaires,
On a été fascinés par les fresques, équivalentes d'une chapelle sixtine orthodoxe.
Mais l'intérêt des lieux, c'est le cimetière qui jouxte le monastère. En quelques carrés ombragés, se concentrent écrivains et hommes politiques marquants. Vous comprendrez sans doute qui se cache sous cet énorme matelas formé par un drapeau russe?
C'était bien Eltsine, avec ces bourrelets pateux... Homme suivant, dont la simple silhouette sera instantanément reconnue par nos amis turcs.
C'est bien Nazim Hikmet, le poète tant aimé en Turquie, qui était tout de même devenu citoyen Polonais, à cause de ses convictions communistes.
Son profil caractéristique reproduit ici un peu une célèbre image d'Atatürk marchant tête baissée fort d'une volonté inébranlable.
On revient au versant politique du lieu, et voici la tombe de Nikita, en blanc et noir.
Puis l'aristocrate Kropotkine, un des pères de l'anarchisme contemporain. Touchant d'ailleurs de voir sa simplicité et la vitalité des fleurs qui enserrent la pierre.
On revient à la poésie, avec le buste de Maïakovski, ce poète prolifique dont tous nos amis Russes ont passé 15 jours à nous expliquer son génie... et l'impossibilité totale pour le commun des mortels d'en comprendre la moindre ligne (on nous a même vanté l'intérêt de son musée, dont on nous a pourtant déconseillé la visite, car incompréhensible!).
Un vieil ami de Thomas, le profond, fataliste et philosophe auteur de nouvelles, Nicolas Gogol.
Enfin, pour revenir à des choses plus classiques; voici la dernière demeure de Tchékov.
Avant de sortir de l'enceinte, un petit exemple de célébration soviétique de ses militaires, avec une flamme rouge.
On choisit de terminer notre découverte de la ville, avec un tour par l'ancien parc des expos soviétiques. D'abord le monument à la gloire de la recherche spatiale et des spoutniks.
Assez hallucinant de voir que les marches vers l'espace se reposent sur le blé et les marteaux!
La porte d'entrée du site est à nouveau triomphante, et dans cette forêt de béton, c'est pourtant un couple de paysans qui hisse un faisceau de blé.
Et suprême horreur culinaire, la pizza automatique!
On pause devant le monument central,
et les oripeaux communistes n'ont pas été décrochés du lieu...
Certains tupolevs sont aussi des affiches parlantes.
Ou encore une fusée montrant les réussites du bloc soviétique.
Les pavillons à l'origine représentaient des pays de la grande union, mais quelques rares exemples subsistent tels quels. Dont l'Arménie qui ne reprend guère les symboles locaux, mais surtout les clichés soviétisants en vigueur.
Et on quitte la ville, avec pour dernière image, ce couple argenté aux bras levés, témoins d'un monde perdu, mais dont les traces sont si présentes.
4 jours sont tout juste le temps nécessaire pour commencer à mettre le nez dans cette capitale protéiforme et généreuse.
On avait tellement eu de mauvais échos, qu'on ressort enchantés de l'expérience. On a vécu une vraie rencontre en restant avec Kate, et Moscou nous a laissé voir ses charmes...
On REVIENDRA!