Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Yolistan - un voyage sur les routes de la Soie.

Voyage de Cindy et Thomas à travers l'Asie, d'Istanbul à Saint Pétersbourg en passant par Beijing!

Wakhan:notre petit coin de soleil

  

j-1--8-.JPG

Après deux journées sous la pluie à Khorog, l´envie de retrouver le soleil et de découvrir de nouveaux coins nous reprend. On va donc subir une journée de transport tadjik, pour aller découvrir la fameuse vallée de Wakhan. Si on dit subir, c´est que c´est le mot qui convient le mieux. Expliquons-nous, pour réaliser 250 kms ce jour-là, nous serons en déplacement de 10h du matin à 21h le soir... Arrivés à 9h50 près du bazar d´où partent les jeeps, nous trouvons en cinq minutes notre véhicule, dont le chauffeur nous promet que le départ se fera d´ici une vingtaine de minutes, le temps que les gens partis au marché reviennent... on prend donc un en cas pour déjeuner, on patiente un peu, puis beaucoup, puis presque à la folie, car on ne quittera la ville que vers 14h. Les courses ont duré plus que prévu sans doute! c´est le rythme normal ici, puisqu´on s´arrêtera sur le tronçon suivant (pour rejoindre Ichkachim) encore trois fois, pour manger, boire un thé, et boire à une source miracle qui se trouve sur la route. Au bout de 6heures de trajet, pas plus de 100kms effectués... La jeep est ici le moyen normal de transport, puisque les routes sont toutes défoncées. Il commence donc à faire nuit et on a à peine passé la moitié de la route. La jeep est bien pleine, puisque pour 7 places assises, chauffeur compris, nous sommes 10 bien tassés.

On arrive quand même à 21h à Langar, en haut de la vallée de Wakhan, ce qui ici semble être en pleine nuit, pour nous reposer après un bol de soupe chez Yodgor, papet anglophone habitué à recevoir les touristes. On passera une nuit bien agréable.

j 1 (17)

Pour resituer un peu les lieux, voici la carte générale de notre trajet au Tadjikistan,

trajet pamir

Et une deuxième carte plus précise, indiquant les villages principaux où nous avons marché pendant 3 superbes journées.

wakhan

Au petit matin, nous marchons une petite heure vers l´est, pour rejoindre la forteresse de Ratm, posée sur un éperon rocheux, qui domine la frontière tadjiko-afghane.

j-2--2-.JPG

Pendant notre marche, on longe la rivière Pyanj, qui donnera des centaines de kms plus bas l´Amou-daria, et on distingue sur la rive en face les chemins muletiers, dans la neige, où circulent des groupes d´Afghans en chemin vers un village.

j 2 (4)

j-2--8-.JPG

Il ne reste plus beaucoup de traces claires du fort, mais le soleil qui sort enfin en fait un lieu idéal pour quelques photos avec le sourire.

j-2--10-.JPG

j-2--14-.JPG

Ici on voit un coude de la rivière qui constitue la pointe du fort, on a l´impression qu´on pourrait presque enjamber la frontière d´un saut.

j-2--18-.JPG

Le cadre est maginifique, et des champs proches finissent de planter ce décor hors du temps.

j-2--24-.JPGj-2--21-.JPG

Champs qui appartiennent à cette petite maison, avec ses quelques arbres, un coin mignon qui semble simple et éloigné de la "civilisation"...

j-2--26-.JPG

Sur le pas de la porte, Anara nous saute dessus et nous invite à venir boire le chai dans la maison de son père. Elle vit avec son époux en Russie, et est en visite chez ses parents. C´est une vraie pile d´énergie et de bonne humeur, et on passe un moment agréable en sa compagnie dans leur belle maison pamiri.

j 2 (29)

Une maison pamiri comprend toujours une pièce centrale assez grande, avec cusine, coin rangement, nombreux tapis et couvertures qui serviront à amménager des lits pour la nuit, de nombreuses tentures pour rendre plus chaleureuse l´ambiance. Anara et sa soeur Madina nos prépare un peu de chirchai pour nous revigorer.

j-2--31-.JPG

Petit rappel, le chirchai c´est un thé noir chauffé dans du lait, salé, avec un bon morceau de beurre de yak, avant d´ajouter des morceaux de pain qu´on fait tremper dans la mixture.

j-2--33-.JPG

de retour à Langar, on fait un tour du village qui nous permet de découvrir un peu plus de la religion locale des Pamiri, qui sont encore en grande partie chamanistes, puisqu´un culte est rendu aux esprits, en plus de leur attachement à la version ismaelienne de l´Islam.

j-2--38-.JPG

Voici un sanctuaire commun, avec de nombreuses cornes des moufflons de Marco Polo, (qui est passé par la vallée en 1274), des versets du Coran, et des arbres anciens.

j-2--39-.JPG

La partie centrale est une petite enceinte, vide, où poussent quelques herbes qui est le lieu où peuvent se reposer les esprits.

j-2--40-.JPG

Nous remontons dans le village, pour découvrir les pétroglyphes qui se trouvent sur les falaises qui dominent le lieu. Les rues du village sont ordonnées et bien balayées (première tâche des femmes dès le réveil) et ont un certain charme.

j-2--46-.JPG

Trois gamins du village nous servent de guide, pour atteindre ces larges plaques, où se trouvent mélés dessins contemporains et noms des personnes,

j-2--51-.JPG

et quelques gravures plus anciennes, représentant des scènes de chasse et ces bouquetins que les hommes adoraient déjà il y a des milliers d´années.

j-2--55-.JPG

Voici Zahir, Khursaw et Umiyet, coiffés de leur bonnet contre le froid.

j-2--57-.JPG

On redescend la pente, pour rejoindre notre chemin vers l´ouest, bordé par les peupliers et les champs.

j-2--64-.JPG

Etape suivante, le village de Zong, pour se coup-ci visiter une forteresse de la route de la soie. On traverse à nouveau le village en nous dirigeant vers le flanc de la colline, et c´est maintenant Heson et Tufa, qui sont cousins, qui après nous avoir indiqué le chemin, nous serviront finalement de guides pour cette ascension plus longue.

j-2--67-.JPG

Le temps est toujours assez gris, mais quand on dépasse le village, les vues sur la vallée sont superbes. La vallée de Wakhan présente cette particularité de rassembler les frontières de trois pays dans un mouchoir de poche. Nous sommes au Tadjikistan, dominons la partie afghane de la vallée, mais les sommets qui nous font face, partie de l´Indu Kuch, marquent le début du Pakistan.

j 2 (71)

On arrive enfin aux ruines de la forteresse, le vent souffle bien fort, mais Abrashim Qala conserve une petite aura d´aventures, car on imagine bien d´ici les caravanes qui devaient cheminer plus bas dans la vallée.

j 2 (75)

Tufa est gelée, on prend donc quelques photos avant de quitter les lieux rapidement.

j 2 (82)

On traverse le troupeau de chèvres de deux jeunes bergères, l´occasion de voir pour une fois des animaux autrement que découpés en cubes dans notre soupe chorpo.

j-2--87-.JPG

de retour au village, on croise Morog, qui voulait nous accompagner mais était de corvée de bois.

j-2--93-.JPG

Et on se réfugie chez les parents de Tufa, pour nous réchauffer. On espérait le chai, mais ils nous recevront avec un délicieux plat de foie, gésiers et coups de moutons, qui risolent dans une grande poële d´oignons frits... comme la famille a de la visite d´un village voisin, on partage un repas avec tout le monde. On aura beaucoup de mal à les abandonner, car ils voulaient nous garder pour la nuit, mais nous souhaitons atteindre le village de Vrang, étape suivante sur notre parcours, et il nous reste encore 20 kms à parcourir...

j-2--97-.JPG

de retour sur le bord de la route, juste avant qu´une jeep nous prenne en stop, pour un court trajet dans le coffre arrière avec une chèvre sur les pieds (puisque le Bayram et le sacrifice d´un animal approche), on a la chance de distinguer sur la rive opposée, quelques uns de ces fameux chameaux de Bactriane, qui furent utiliser par les caravanes de la route de la Soie, et qu´on utilise encore de nos jours en Afghanistan.

j-2--101-.JPG

Transport tadjik oblige, on trouve moyen de s´arrêter deux fois en 20 kms, pour boire une eau qui ressemble à la Badoit avec peu de gaz, et qui sort naturellement sur le bord de la route, rougisseant de ses minéraux le sol.

j 2 (111)

Une des filles a commencé une collection de touristes sur son téléphone portable, on participe donc à sa collection. Pour une fois on est le sujet d´une photo!

j-2--112-.JPG

On prend une dernière photo de la journée de cette rive afghane toute proche, qui nous obsède un peu...

j-2--113-.JPG

Troisième jour dans la vallée de Wakhan, nous sommes dans le village de Vrang, et enfin on peut faire un clin d´oeil à Pablo. On se trimballe depuis le début une bouteille de sa cuvée 2010 Crève Coeur. Il nous l´avait confiée avec pour mission de la partager en un beau lieu. On sait quand on compte la boire, mais on a voulu prendre des photos dans ce lieu, car beaucoup de symboles forts nous font penser à lui.

j-3--20-.JPG

Pablo, meilleur ami de Thomas, fut son premier compagnon de voyage (en Grèce, Amérique centrale et du Sud), Pablo vient de s´installer à son compte comme viticulteur à Séguret.

j-3--22-.JPG

Les symboles sont d´abord l´amour de Pablo pour la haute montagne (notamment le Népal et le Tibet qu´il visitera sans doute un jour prochain). Il y a ensuite son intérêt pour le bouddhisme, qui s´est un peu dissipé dernièrement, mais qui nous ramène au lieu où nous nous trouvons.

Vrang est fameux pour ses stupas bouddhistes, et ses cellules d´ermites dans la falaise qui domine le village. Les stupas étaient des monuments servant à conserver des reliques et autour desquels les pélerins viennent prier.

j-3--47-.JPG

On n´est pas très loin en distance de la célèbre vallée de Bamyan, en Afghanistan, et ses célèbres Buddhas géants explosés par les Talibans. La route de la soie, vecteur commercial, fut toujours aussi un moyen de transférer les idées et les religions. C´est comme cela que le christianisme gagna l´extrême orient, et c´est en sens inverse que les Chinois venaient en direction de l´Inde, retrouver les traces des textes importants du bouddhisme, voire effectuer des pélerinages sur les lieux de la vie de Gautama Siddharta en Inde (comme nous le ferons sans doute dans quelques mois, en visitant Bodgaya, Kushinagar, Lumbini ou encore Varanasi).

Cette stupa en forme de pyramide, offre une vue prenante sur la vallée.

j-3--51-.JPG

A flanc de colline, on distingue une multitude de petites cellules de pélerins ou d´ermites.

j 3 (72)

Toute la vallée est irriguée par de nombreux petits canyons, dont les cours d´eau traversant les villages servent à actionner les moulins à eau qui prépareront la farine du village.

j-3--69-.JPG

j-3--73-.JPG

Même le moulin possède son plafond Pamiri, avec une ouverture centrale et ses carrés enchassés.

j-3--74-.JPG

La vallée est relativement verte, et de nombreux arbres fruitiers colorent les villages.

j-3--78-.JPG

La petite Faysigül nettoye la jeep de son papa, et son sourire et ses boucles blondes nous ravissent.j-3--79-.JPG

On continue la marche, toujours dans le sens de la descente de la vallée, toujours proches de l´Afghanistan.

j-3--86-.JPG

Et nous voilà arrivés à Yamg, village où vécut un mystique sufi, astronome et musicien, Mubarak Kadam Wakhani, à la fin du XIX eme. Une nouvelle fois les enfants nous servent de guide, et on les prend en photo à l´entrée de la maison musée du savant: Faizmamat, Muslima, dodikhudo et Nilufar. Les boucles de bouquetins sont toujours là.

j-3--92-.JPG

Et voici un beau plafond traditionnel pamiri, qui reprèsente les 4 éléments, air, eau, feu et terre, avec l´ouverture vers le ciel. Le bois finement travaillé ici recouvre tous recoins et on a ajouté versets coraniques et motifs végétaux pour décorer. L´Islam est là, mais on n´oubie pas les racines animistes et chamaniques dans ce peuple si lié à ses montagnes.

j-3--93-.JPG

Pour tenir la charpente, cinq piliers représentant les cinq membres de la famille d´Ali, le champion des Chiites: Fatima, Ali, Mohammed, Hassan et Hussein. dont deux symbolisants toujours l´entrée dans la pièce.

j-3--95-.JPG

Cette maison particulièrement adornée possède un coin bibliothèque.

j-3--96-.JPG

La façade est elle aussi très ajourée.

j-3--100-.JPG

et on prend une dernière fois l´entrée des lieux, avant de se diriger vers une colline proche, où repose le savant.

j-3--104-.JPG

Le soleil est de la partie et la vue est une nouvelle fois superbe.

j-3--105-.JPG

Le petit tombeau ressort à peine mais le lieu inspire le calme et la sérénité.

j-3--111-.JPG

Une petite pensée pour Pépé Guy, avec ces montagnes qu´il aurait sans doute gravi avec plaisir en notre compagnie.

j-3--123-.JPG

Et une autre pour le Blo, avec un Crève Coeur sur le toit du monde.

j-3--124-.JPG

dernière étape de la journée, rejoindre le village de Yamchun, pour profiter de la plus belle forteresse de la vallée. On se retrouve encore une fois seuls au monde, la route, la rivière, les montagnes et nous.

j-3--132-.JPG

On atteint enfin le village et Nizbek et Rustam nous attrapent au vol, pour nous inviter pour un petit chai. Nizbek possède une superbe maison et on aurait aimé rester plus longtemps pour poursuivre nos conversations et profiter du cachet des lieux.

j-3--135-.JPG

dernière ascension de notre promenade, la citadelle de Yamchun occupe tout le flanc de la colline, avec de nombreuses tours de garde et autres murailles d´enceinte.

j-3--142-.JPG

j-3--151-.JPG

On atteint le sommet exténués, mais pleinement heureux de cet effort.

j-3--162-.JPG

j-3--168-.JPG

j-3--170-.JPG

La citadelle a un côté désert des tartates de Buzatti, on se prendrait presque pour le lieutenant drogo...

j-3--171-.JPG

En plongeant le regard vers les montagnes, on voit au loin le centre de cure qui complète les sources d´eau chaude de Fatima Bibi, notre récompense pour ces journées de marche.

j 3 (148)

Encore quelques lacets, et on aperçoit les batiments qui entourent la source. Le lieu est en train de s´agrandir.

j-3--180-.JPG

deux salles permettent de se changer et de profiter en privé (pas de mixité ici) d´une eau délicieusement brulante, quand le froid règne. Les formations calcaires en forment d´utérus, sont appréciées par les femmes qui viennent boire l´eau réputée apporter la fertilité. Une petite piscine a été amménagée, on est presque au paradis.

j-3--185-.JPG

On se couche bien crevés, et la nuit fraîche nous repose assez pour repartir une dernière fois d´un bon pied. La citadelle supérieure de Yamchun au petit matin,

j-4--2-.JPG

avant de rejoindre la route principale, où on espère faire du stop, mais on ne sera pas très chanceux ce matin là. Tant mieux, plus de temps à profiter du superbe panorama.

j-4--10-.JPG

On tombe même sur un berger et son troupeau, nouvelle vision intemporelle avec ces montagnes afghano-pakistanaises.

j-4--12-.JPG

certaines parties de la vallée sont même sablonneuses,et le soleil nous ravit et nous donne l´énergie de continuer contre le vent qui souffle fort ce jour-là.

j-4--14-.JPG

Un petit peu d´auto stop et nous voilà de retour à Ichkachim, capitale de la région, la frontière afghane se trouve à 3 kms.

j-4--17-.JPG

On vous laisse avec cette belle lumière dans la rue principale d´Ichkachim, qu´on quitte un peu à regret, car on sait que nous attendent les difficultés de la route pour rejoindre la capitale dushanbe puis le nord du pays.

j-4--18-.JPG

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article