24 Septembre 2011
Après une nouvelle nuit de train frisquette, on débarque dans l´oasis de Turkestan, ville provinciale et calme, qui a été choisie par le pouvoir pour être un des centres culturels du pays. On a choisi de faire cet arrêt sur notre route en direction de l´est, car on peut admirer en ville le seul vestige ancien du pays, non rasé par le conquérant mongol Timur: le mausolée de Khoja Ahmet Yasawi, Қожа Ахмед Яссауи en kazakhe, un poète mystique (sufi) local, qui exerca une grande influence sur toute l´Asie centrale à partir du XIIeme siècle.
Lieu saint oblige, quelques interdits nous accueillent à l´entrée.
C´est donc sans vodka qu´on pénètre dans l´enceinte qui entoure le bâtiment, qui possède la caractéristique de ne pas avoir été terminé, car les travaux ordonnés par Timur à la fin XIV eme siècle, pour remplacer l´ancien mausolée de plus petite envergure, ne furent jamais terminés. La facade avant est donc simplement en brique (le reste de la structure est finement décorée de carreaux bleus) et on voit même les poutres insérées dans le mur qui servaient à monter les échafaudages.
Ce lieu saint est aujour d´hui souvent utilisé comme étape pour un mariage (les salles des fêtes sont toutes proches), pour qu´une petite prière récitée par l´Imam du lieu (contre espèce) porte chance au futur couple. On verra passer deux cortèges. Lorsque la prière est récitée, tout le monde s´acroupit.
Une nouvelle fois robe blanche et costumes dominent dans l´assistance, vivant contraste avec ce lieu chargé d´histoire.
Voici les deux styles suivis par les mariées de nos jours: à l´occidental
ou plus classique et conservateur.
Pour un pélerin venu deman der de l´aide au saint- homme, il faut faire le tour de l´é difice en passant sa main sur le mur.
Le petit mausolée si élégant est celui de Rabigha-sultan Begum, petite-fille de Timur.
Comme souvent, notre présence attire l´attention. Après un "merhaba" rapide et distant lorsque nous avons croisé un groupe d´écolières, elles sont revenues à la charge, un peu plus courageuses, pour discuter un long moment avec Cindy.
Une nouvelle fois, on est étonnés par la relative variété dans les visages des gens qu´on rencontre. Cindy pose avec ses nouvelles amies, avec qui elle passera plus d´une heure, à discuter mi turc, mi anglais. On voit dans l´uniforme qu´elles portent une magnifique cravate bleue avec le symbole du Kazakhstan: un soleil et un oiseau en or.
On voit au loin paître quelques dromadaires, l´occasion pour nous de voir ce magnifique animal de plus près.
Tous les éléments sont réunis pour un cliché Route de la Soie, le bleu faïence des monuments, le sable et les herbes rases et le dromadaire.
On continue notre chemin, pour tomber à nouveau sur les filles:
Janaim-Diana-Uldana-Ardakh-Maira
On laisse venir la nuit, avant de revenir sur le site, ouvert et illuminé, pour ressentir différemment l´atmosphère. Il y a encore des pélerins, des prières nocturnes, le piaillement des oiseaux, et nous.
écrasés par la lumière du jour, les décors révèlent dans la douceur de la nuit leurs lignes épurées.
On mélange la géométrie et les volutes, mais toujours avec le même objectif de chanter Allah.
On se verrait bien ramener un tapis ou une tenture avec ces lettres écrites de manière géométrique, mais il est encore trop tôt pour se lancer dans les achats et on rentre à l´hôtel le coeur léger, heureux de cette rencontre avec ce bleu que nous allons suivre à la trace jusqu´en Iran.