Macao - portugais mais pas trop!

Première sensation dès notre arrivée à Macao, ancienne colonie portugaise, région autonome au sein de la Chine actuelle, c´est qu´on est arrivés en un lieu étrange et unique. On passe sur l´impression jeux vidéo dans un bus survolté qui slalomait dans des rues si étroites qu´on a mis des barrières tout le long, comme dans un circuit de formule 1, et sur le gigantisme des casinos, pour en venir d´abord à la seconde raison de notre venue.

Dès le lendemain de notre arrivée, sous la pluie, on se rend à l´agence officielle de tourisme vers la Chine, qui s´occupe des visas touristiques, on est relativement confiants, près à patienter quelques jours en ville pour pouvoir obtenir notre sésame. Mais c´est la douche froide, suivant les dernières consignes des autorités chinoises, un Francais doit payer 120 euros pour avoir le droit de passer une semaine en Chine!

Possibilité de prolonger le visa une fois en Chine? Pas de réponse!

Tenter notre chance à Hong Kong? Pas de réponse!

On n´a donc guère le choix, on tentera à Hong Kong, l´île voisine, mais du coup nous n´avons plus que deux courtes journées pour visiter la ville. On se lance tout de suite à l´assaut du centre ville, pour observer amuser que les annonces sont souvent en portugais, encore, même si personne ne semble plus le parler.

Ce n´est même pas du macaense, le mélange d´ancien portugais et de langue cantonaise qui est utilisé, mais bien du pur portugais lusitanien. Sans doute une manière de bien montrer que les habitants sont encore reconnaissant du passeport portugais qui a été offert aux habitants vivants dans la ville avant les années 70. Les institutions locales, qui gérent encore le gouvernement, poursuivent donc cette filliation, car aujourd´hui la Chine ne gére que la politique extérieure et la défense de ce casino à ciel ouvert. Le tournant a eu lieu en 1999, sur une décision prise en 1987.

Les rues qui fleurent bon le petit village paisible par leur nom, sont pourtant bien chinoises, comme le marché le montre.

Nouilles et fruits de mer régnent en maître et la cuisine macaense se cache bien...

Il est même presque plus facile de manger japonais! Mais là, on reconnaît qu´il s´agit d´un petit plaisir de Cindy.

La ruine la plus célèbre, c´est sans conteste l´église Saint Paul, dont seule la facade subsiste de nos jours.

C´est le lieu touristique par excellence, puisque tout le quartier qui l´entoure regorge de boutiques de souvenirs et de restaurants, et si les trois feux qui l´ont endommagée ne l´on pas réduite à néant,

ses détails macabres sont encore resplendissants d´intensité,

et les travaux de mise en valeur du site sont de qualité. C´est vraiment une constante ici à Macao, il y a de l´argent pour s´offrir de beaux musées et bien entretenir les sites touristiques. Et on voit bien sur cette photo d´où vient cette manne!

Pour rester dans les considérations historiques, voici la grotte de Camoens, où le père de la littérature lusitanienne est venu composer certains sonnets de son oeuvre majeure, les Lusiades. Le parc est malheureusement sous la pluie, mais cette grotte nous abritera le temps de savourer les vers célébrant les conquêtes portugaises de par le monde! Une langue superbe, mais quelle violence dans cette arrogance Européenne!

Première image panoramique, pour vous donner une idée de la ville, nous sommes au sommet de la forteresse, et dominons la zone des premiers casinos, sur la droite.

Et en cette même forteresse, on a eu la bonne idée de construire un musée à la scénographie chatiée, qui présente en parallèle les racines chinoises et portugaises de l´île. On peut voir ici la route de la Soie, avec une bonne partie du trajet que nous avons déjà parcouru, reste à croiser les doigts pour espérer que la Chine nous laisse finir ce trajet.

Le musée rappelle que c´est cette tradition des casinos, qui a fait en partie la richesse de la population et de la ville, lui permettant de ne demander que un euro pour une entrée de musée... incroyable pour nous qui arrivons tout juste de l´Inde, et les 400 rupies par personne, presque 7 euros, pour visiter par exemple la résidence secondaire des souverains de Mysore Mysore et Bangalore. Un centième dans la douceur. .

Les temples aussi regorgent de richesses, ici celui de A-Ma, déesse qui a donné le nom à la ville pour les Portugais, puisque arrivés sur la côte, en 1553, ils demandèrent comment s´appelait ce lieu, et on leur répondit en une langue cantonaise, A-Ma Gao, qui signifie la baie de A-Ma.

On a toujours les mêmes fiches de noms célébrant les ancêtres.

En ville, ce sont d´autres "fiches" qui ont la faveur des gens. Il s´agit de viandes caramélisées au barbecue, qu´on sert en lamelle et qu´on grignote à longueur de journée. Les variétés snt innombrables, du cochon au boeuf en passant par le canard ou le poulet, mais si le goût est toujours agréable, il est globalement le même pour tous les types, tant le goût barbecue domine.

Certaines églises, comme Saint Dominique par exemple, avec la chaleur de son ton pastel, sont de magnifiques exemples du savoir faire des Portugais.

Et la sacristie renferme une collection d´art sacré, que Cindy trouve bien glauque, mais où Thomas aime chercher les parallèles avec les oeuvres bouddhistes qu´on fréquente depuis plusieurs mois.

Cette caisse pourrait bien servir pour un panthéon hindu, tant ces derniers aiment les dieux agiles avec leurs sabres, haches ou encore cimeterres.

Les larges allées du centre ville sont souvent empruntees de cette dychotomie, une facade portugaise agréable, et une seconde salve de batiments complétements hideux.

Mais si le périmètre de la municipalité est très petit, certains jardins offrent un semblant de verdure et un repos bien mérité du béton qui couvre complétement le centre ville.

Mais les immeubles ne sont jamais bien loins, même au coeur du jardin Lou Lim Ieoc.

Et le mauvais temps persistant, puisque nous sommes en pré saison des tempêtes, finit par être un peu lassant, même au bout de seulement deux jours. On n´a pas le matériel de ce monsieur, et finissons régulièrement trempés!

On marche dans tous les sens, car si le système de bus est très efficace, les distances sont si courtes, qu´en moins d´une heure on peut réellement traverser toute l´île principale. Beau point de vue sur le coeur actuel de la ville, sa praia grande et ses casinos.

On a bien sûr construit une haute tour, centre commercial et restaurant, pour faire comme tous les voisins asiatiques.

Mais c´est sans conteste la laideur extérieure des casinos qui frappe le plus. On pourrait lancer un jeu concours en vous demandant à quoi vous fait penser la structure du Grand Lisboa! Ca n´empêche pas les flots de touristes chinois de venir s´entasser dans ses salles.

On trouve finalement notre petit restaurant où manger la cuisine macanense, très différente des fumées épicées de celle de Goa, on est ici vraiment plus proches du Portugal. Voici la soupe du pêcheur, dans son pain récipient.

On finit notre journée et notre découverte de cette nouvelle métropole du futur, après KL et Singapour, en étant une nouvelle fois bluffés par les installations culturelles, ici le magnifique musée d´Art Moderne, qui nous extorque 20 centimes d´euros chacun pour la visite, puisque profs et étudiants, c´est la même chose ici. On a une sensation étrange, puisqu´on a tout le musée juste pour nous,

et que même les artistes semblent avoir envie de fuir l´enfermement de Macao par tous les moyens!

En résumé, nous avons ressenti Macao comme une belle boule, proprette et clinquante, mais bien une sphère fermée, un peu asphyxiante, où on ne se verrait pas venir vivre plus de un mois ou deux! Et ce malgré le confort moderne et le charme constant des batiments portugais de la ville.

En sera t il de même avec Hong Kong, suite au prochain numéro!